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Ça y est, cette année se termine.
Enfin ! — serais-je tentée d’écrire.
Sept années que la ferme existe, celle-ci fut de loin la plus compliquée.


Je ne remercierai jamais assez tous mes ami(e)s chef(fes) de m’avoir soutenue et d’avoir accepté ce que la nature avait à nous donner, souvent sans avoir choisi le contenu de leurs colis. Leur soutien a été plus que précieux pour préparer sereinement l’année prochaine.
Nul doute qu’ils seront prioritaires lorsque le printemps fera sortir ses premiers légumes de terre.


Je souhaite bon vent à ceux qui ont choisi de quitter le navire. Virer de bord lorsque l’embarcation chavire, est-ce révélateur du meilleur ou du pire ?
Comme on dit, « une fois que le bateau a coulé, tout le monde sait comment on aurait pu le sauver ».
Qu’importe les belles paroles, seuls les actes comptent et quant à moi, mon cap n’a pas changé : ce que je cultive dans mes champs, c’est toujours la liberté.


Je vais à présent prendre un peu de repos, celui que j’aurais dû prendre lors de cette période caniculaire. Il me faut désormais accepter que l’été, dans mes champs, a eu raison de l’automne et de l’hiver. Se rendre à l’évidence : faire lever et pousser des légumes d’hiver avec ces températures délétères, dans une région ou les restrictions d’eau se sont terminées en novembre, c’était un combat perdu d’avance. Combat perdu, mais néanmoins nécessaire, l’expérience est la meilleure conseillère.

Je serai mieux armée pour cette nouvelle année.


C’est sûr, l’année écoulée fut celle de tous les doutes, parce qu’il a fallu lutter sous le climat estival, mais aussi économique et social.
J’ai vu beaucoup de mes confrères baisser les bras, arrêter leur activité face à tant de galères, parce qu’il ne faut pas se mentir : agriculteur, c’est aujourd’hui un métier que l’on enterre. Et ne comptez pas sur moi pour me laisser enterrer, j’ai encore le poing levé.


Dans ce contexte où tout semble s’obscurcir, je ne cesserai jamais de croire en ce que la nature a de bon et de beau à offrir. Je ne cesserai jamais de croire que notre révolution se joue dans notre alimentation. Je ne cesserai jamais de croire que, dans nos sociétés, le goût est notre meilleure arme pour sonner l’alarme.


Alors comme chaque année, en 2023, je prendrai la fourche pour préparer le printemps, plus motivée que jamais.
Semer la diversité, c’est se saisir de l’avenir. C’est dans la plantation et le semis que réside notre autonomie.


« Ouvriers, paysans nous sommes
Le grand parti des travailleurs.
La terre n’appartient qu’aux Hommes
L’oisif ira loger ailleurs.
Combien de nos chairs se repaissent !
Mais si les corbeaux, les vautours
Un de ces matins disparaissent
Le soleil brillera toujours. »
L’Internationale – Eugène Pottier